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14-12-2019 NO-KIDS - Peut-on encore avoir un enfant?


Alors que la natalité en France baisse régulièrement, un mouvement ose déclarer : "nous  ne voulons pas d'enfants" ou même de dire "nous n'aurions pas dût avoir d'enfants", pour ceux qui ont connu "l'erreur" d'en faire.
Taux de natalité en France

Le tabou du "je ne veux pas d'enfant" est de plus en plus ébranlé et mouvement no-kids est présent dans les média. En France le livre No-Kids de Corine Maier, est l'objet à la fois un objet de cynisme et d'humour amis et un message représentatif d'une pensée qui existe chez les jeunes.


Les raisons ne manquent pas. Elles sont par exemple économiques, écologiques, sociétales, simplement égoïste ou encore pratique.  Pourtant un enfant représente la vie, l'espoir, la jeunesse. Ceux qui en ont, n'envisagent pas la vie sans eux et ne vivent que pour partager avec eux. 

Le mouvement n'est pas que franco-français, aux états-unis les "Childfree" énoncent le même message. Pour réduire  notre emprunte écologique, moins voir plus d'enfant est la solution.


Alors doit-on ou pas faire des enfants ? Les no-kids ont-ils raison? Les Childfree ne sont-ils pas trop radicaux?

les personnes en âge de procréer décidant volontairement de ne pas le faire restent minoritaires. Selon les dernières estimations de l’Ined, 6,3 % d’hommes et 4,3 % de femmes nés en 1968 sont dans ce cas. Pour Anne Gotman, directrice de recherche émérite au CNRS, le phénomène reste à la marge. « En revanche, ce qui est nouveau, c’est que ce comportement individuel s’est peu à peu constitué en cause, explique-t-elle. Il rejoint ce mouvement général de revendications identitaires où toute différence est bonne à défendre. »

Le mouvement a aussi ses radicaux absolus : Le collectif VHEMT (Voluntary Human Extinction Movement) et sa version francophone - le Mouvement pour l'extinction volontaire de l'humanité. Ils sont clair, leur but est  la disparition d’homo sapiens. Ainsi peut-être que la planète aura une chance.   

Philo Magazine 27 - MARS 2009

Mais la question n'est-elle pas alors pourquoi fait-on des enfants? Philosophie magazine nous questionne: " C’est l’un des actes les plus importants d’une vie. Il n’en est aucun dont les conséquences soient à la fois aussi durables et aussi imprévisibles. Et pourtant, on ne se pose presque jamais la question : pourquoi fait-on des enfants ? Pour ceux qui n’en ont pas encore, le choix peut sembler vertigineux. Pour ceux qui sont devenus parents, si on les interroge sur leurs motivations, la première réaction risque d’être… la perplexité. Le plus souvent d’ailleurs, il n’y a pas une raison isolée qui domine. C’est un écheveau complexe de désirs personnels, d’histoires familiales, de déterminismes, de hasards qui conduit à la naissance d’un bébé. ..." .

Élisabeth Badinter
Pour Élisabeth Badinter il y aurait trois raisons : la pression familiale, l’enfant qui devrait être une source d’amour et de bonheur supplémentaires et ce qu’elle nomme « le fantasme éducatif » qui ferait des futurs parents « fantasmés » de meilleurs parents que ceux qu’ils ont eu.
Mais, ne démolie-t-elle pas elle même ces arguments.  La pression familiale disparaissant avec l’éclatement de la cellule familiale, l’amour apporté à l’enfant devenant dette. Les enfants déclarant alors « Je n’ai pas demandé à naître. » ce qui selon elle signifierait : « C’est toi qui m’as voulu. Tu me dois tout. ». Elle déclare au final que : « Contrairement à ce que dit le discours traditionnel sur les enfants qui renforcent le couple, c’est en réalité une vraie épreuve. ». Le troisième argument donné comme un fantasme tombe alors de lui-même devant la réalité.

Hannah Arendt
Pour Hannah Arendt, la reproduction n’est qu’un acte permettant d’échapper à la finitude par l’espoir (toujours déçu) de la création d’un mini-moi. Ce clone espéré ayant pour objectif de vie le remplacement du parent lui, désespéré dans sa finitude.





Bernard Stiegler

Bernard Stiegler, comme souvent nous présente une pensée puissante et singulière: « L’enfant nous protège … de l’infantilisation. ». Il nous transforme en être responsable, en adulte. Le risque est-il alors que dans une société sans enfants, nous devenions tous des enfants ?

Michel Eltchaninoff 
Michel Eltchaninoff en accord avec Élisabeth Badinter pense que nous avons des enfants par devoir social. Il nous rappelle ensuite que  les Mbaya-Guaicuru, dont descendent les Caduveo du Brésil écœurés par la gymnastique que demande l’acte de procréation n’en avaient point et se « reproduisaient »  en volant des enfants dans les tribus voisines. Mais il ouvre une nouvelle voie en parlant de don. La dette de ceux qui ont reçu la vie, les parents, se payerait en donnant la vie à son tour.  De plus le mini-moi raté aurait l’avantage de me permettre de me dépasser puisque étant moi et différent, il m’entraine vers un nouveau moi. L’enfant serait-il un outil de transcendance ?

Guillaume Le Blanc
Guillaume Le Blanc, le rejoint-il quand il déclare qu’être parent c’est renoncé à son intimité et à sa sérénité ? L’enfant serait garant d’une obligation à une nouvelle implication dans le monde : « Les enfants nous apprennent que la multitude est partout, entre nous comme hors de nous : « c’est une expérience d’affinité élective créatrice de mondes. ». En philosophe méthodique, Guillaume Le Blanc s’interroge sur l’expression « avoir un enfant ». Il la juge « impropre » : « Elle [l’expression] suppose une relation de possesseur à possédé, alors qu’il s’agit d’une sollicitude mutuelle. Cette dernière est incarnée dans le joyeux bazar des corps (rires, pleurs, gestes de fureur et de tendresse). Être parent, c’est alors accepter d’être dépendant de “ses” enfants. »

En conclusion de ce résumé du dossier de PhiloMag, nous citerons Martin Legros (Redac Chef) qui nous rappelle que si à la fin des contes français  « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. », les mêmes, si ils sont d'ailleurs en Europe  « … vécurent heureux jusqu’à la mort. » (quid des gosses?) et de finir ce dossier en déclarant que : « la vie n’est pas un conte de fées. »

A lire (trop) rapidement ce dossier .... les raisons d'avoir un enfants me semblent donc plutôt floues, alors que les raisons de ne plus en avoir sont claires et pragmatiques (même mesurables d'un point de vue de l'impact écologique). Alors vient la question :  

Peut-on encore avoir un enfant? 


Pour en parler avec Nous. : N. B. jeune agrégé d'économie de 30 ans viendra nous expliquer sa position et les raisons de son désir de ne pas avoir d'enfant.

Vidéos :
Des enfants ? Surtout pas ! – Un couple témoigne de son refus de procréer


De Chid less à Chlid free


 Ne pas vouloir d'enfant

A écouter :
https://www.franceculture.fr/emissions/lhumeur-du-matin-par-guillaume-erner/lhumeur-du-jour-par-guillaume-erner-du-jeudi-28-fevrier-2019


A lire
   sur le web :
« Childfree » : faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?

   Livres :
No Kid : Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant de Corinne Maier 

Le choix d'une vie sans enfant de Charlotte Debest

L'art de guillotiner les procréateurs : Manifeste anti-nataliste Broché – 15 avril 2006
de Théophile de Giraud 

Pas d'enfants, ça se défend ! Broché – 24 février 2011