Ce qui nous fascine aussi chez Lupin, c’est son rapport original à la morale. « La légalité, il s’en moque ; l’honorabilité, il la ridiculise ; le sérieux, il l’ignore. Et pourtant, c’est un homme de devoir et, j’ose le mot, de vertu. » Là, c’est fort de café. Comment un homme baignant si manifestement dans l’illégalité pourrait-il faire preuve de moralité ? demanderez-vous à juste titre. Eh bien, justement, « là où la plupart des gens sont légaux sans être moraux, Lupin est moral sans être légal », explique Comte-Sponville
La propriété c'est le vol ?
L’adolescent vit chez son père, et une nuit, accompagné d’une "troupe de jeunes vauriens", précise-t-il, il décide d’aller voler des poires dans un champ qui se situe à côté de chez lui. Ces poires ne sont ni belles, ni bonnes. Non, ce qui rend ces poires particulièrement désirables, c’est qu’elles sont interdites.
Ce qui fait envie au jeune homme, Augustin le dit en une phrase : "le simple plaisir de faire ce qui était défendu". Plaisir ? C’est peu de le dire. Non seulement il est passé à l’action, mais en plus, la jouissance qu’il tire de cette malice est aussi intense qu’indiscutable. Ecoutez comment il décrit son envie irrépressible de basculer du côté obscur de la morale :
Hideuse qu’elle était, je l’ai aimée ; j’ai aimé à périr ; j’ai aimé ma difformité ; non l’objet qui me rendait difforme, mais ma difformité même, je l’ai aimée !
Et l’auteur de préciser que ces poires, il ne les a même pas mangées – elles n’étaient pas bonnes !-, mais il les a données aux cochons.
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