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17 décembre Visio-Philo - Le jeu est-il une manière d'échapper au réel ou de se préparer au réel ?


J E U  : Terme dont la définition philosophique est elle-même l'objet de débats. Selon Huizinga, désigne « une action ou une activité volontaire, accomplie dans certaines limites fixées de temps et de lieu, suivant une règle librement consentie mais complètement impérieuse, pourvue d'une fin en soi, accompagnée d'un sentiment de tension et de joie, et d'une conscience d'“être autrement” que la “vie courante” » Huizinga, J., Homo ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, trad. C. Seresia, Gallimard, coll. Tel, Paris, 1988, p. 16.

Au-delà de cette définition, gardons que le jeu n'est pas la vie courante. La vie ne serait donc pas un jeu ? 

Le jeu est-il alors une façon d'échapper au réel ou de s'y préparer et dans quelles conditions est-il l'un ou l'autre ?

Est-il possible de s'échapper du jeu en allant jouer sa vie ? Et quand l'on joue sa vie, à la roulette russe par exemple, est-ce encore du jeu ou la vie ? Peut-on jouer à être vivant ? mort oui, mais vivant ?  Peut-on vivre sans jouer ? Si la réponse est non, cela signifierait que le jeu est pour le moins sinon la vie, une de ses composantes.  

De plus pour intéresser une partie, un pari ne tirons nous pas un lien par l'argent ou la mise en jeu d'élément du réel entre jeu et réel. Le jeu est alors lié au réel, c'est même par ce lien qu'il tire pour ceux que l'on nomme " les joueurs" qu'il tire son seul intérêt.  Le jeu n'existe alors que parce qu'il est lié au réel. 

Le jeu est aussi une manière d'apprendre à être. Chez MC Laren, les jeux de simulations automobiles servent à sélectionner les pilotes des 24 heures du Mans. Le jeu est alors un moyen de se préparer au réel.

Le jeu est-il aussi un pont vers un réel futur, comme dans le jeu d'anticipation qui nous évite de rencontrer le réel. S'il est les deux, alors qu'elle composante du joueur ou du jeu lui-même permet d'inverser cette caractéristique.

Et l'art est-il un jeu ?

Qui douterait que les animaux jouent en voyant des chats dévider allègrement une pelote de laine, de jeunes chiots se poursuivre, lutter et faire des cabrioles, des agneaux en train de gambader, ou bien encore un chien solliciter son partenaire humain de lui lancer un objet ? Les vers de terre, eux comme les huîtres nous semblent ainsi  moins joueurs. Le jeu est-il alors un marqueur d'évolution sociale ?  Ou encore comme semble le penser le philosophe Karl Groos (1898) qui a, le premier, tenté d’unir la psychologie animale évolutionniste avec l’esthétique (Fagen, 1981) en reliant l'activité artistique humaine au jeu animal. Il concevait celui-ci comme une forme de création artistique simplifiée, plus accessible à l’analyse scientifique que la complexité des cultures humaines.

L'art serait donc un jeu, celui de "faire comme-ci". Comme-ci je recréer un paysage en le peignant, comme si je devenais un héros en le jouant dans une pièce ou encore Comme si j'étais le vent qui souffle dans les feuilles en chantant. 

Mais l'art est-il parallèle au réel ? L'art n'est-il pas dans le réel et même parfois directement le réel.